Le bruit d’impact en condo : entrevue avec un acousticien (partie 2 de 3)
Julie Leducvendredi, 25 mai 2018
Quels seraient vos principaux conseils lors de la rénovation des planchers?
Généralement, lors d’une nouvelle installation de planchers de bois sur membrane, le copropriétaire doit prouver soit l’atteinte d’un rendement d’isolation « X » au syndicat de copropriété par un test d’impact, ou soit une installation conforme à un devis maître. À la longue, cette pratique coûte très cher aux copropriétaires du bâtiment. Pire encore, parfois le rendement acoustique demandé n’est pas atteignable. Devant cette réalité, il serait bien plus simple et à la fois beaucoup plus économique de faire faire quelques tests acoustiques dans le bâtiment par un professionnel, de trouver la ou les meilleures installations et faire voter ces choix pour tout l’immeuble. Ainsi, le professionnel engagé pourra analyser l’assemblage du bâtiment et tester quelques solutions pour ensuite offrir 1, 2 ou 3 solutions aux copropriétaires via un devis maître. Ce dernier devra inclure les spécifications acoustiques ainsi que clarifier les méthodes de préparation et d’installation des matériaux sélectionnés. Il appartient au syndicat de copropriété de préciser le niveau de garantie requis (type de suivi, entrepreneur certifié, inspection interne ou externe, test final de performance, etc.). Enfin, cela revient moins cher et c’est plus efficace par rapport à demander à chaque copropriétaire d’entreprendre l’entière démarche individuellement.
Il est dommage de voir des syndicats de copropriété autoriser des membranes acoustiques qui affichent un chiffre élevé d’insonorisation IIC sans prendre en considération les erreurs et pièges mentionnés précédemment. Cette pratique peut causer des déceptions, des frustrations et des plaintes, voire des poursuites judiciaires contre le syndicat et/ou dévaluer la valeur de la copropriété. Selon mon expérience, la proportion des copropriétés qui ont un devis maître est d’environ 30% et le devis n’est pas toujours complet ou bien détaillé en fonction du bâtiment. Environ un autre 30% exige plutôt une performance à atteindre, mais aucune balise, ce qui rend le copropriétaire totalement responsable de l’ensemble de la démarche. Encore une fois, un devis maître clair avec des choix de solutions testées et validées est préférable à demander seulement une valeur précise d’insonorisation par un test final pour chaque installation. Valeur qu’on risque de ne pas atteindre et résultant dans l’obligation éventuel d’arracher le nouveau plancher. Enfin, il y a environ 30% des copropriétés qui n’ont pas de règlement du tout. Ce qui ouvre la voie «du tout et n’importe quoi», puisque le «Code National du Bâtiment» ne produit pas d’obligation (uniquement des recommandations) pour le bruit d’impact.